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que promettant quelque chose, méme en intention de le tenir, on ne la croyoit plus, elle faisoit jouer ce personnage au Roy, qu'elle habilloit et faisoit parler comme elle vouloit : d'autant qu'en telle jeunesse ses parolles étoient moins suspectes de feintise et dissi­mulation.
Une autrefois parlant à Teligny (0 fort privement, comme il faisoit à tous .les huguenots, pour ies endor­mir, et discourant avec lui de l'entreprise de Flandres, il luy dit : « Yeux tu que je te die librement, Teligny? « Je me défile de tous ces gens cy : l'ambition de Ta­te vanne m'est suspecte; Vieilleville n'ayme que le bon « vin; Cossé est trop avare; de Montmorency ne se « soucie que de la chasse et voierie; le comte de Retz « est Espagnol ; les autres seigneurs de ma cour et ceux « de mon conseil ne sont que des bestes ; mes secretaires « d'Etat, pour ne rien celer de ce que j'en pense, ne me « sont pas fideles : si bien qu'à vray dire je ne sçais « par quel bout commencer. »
Le mercredy de devant la blessure de l'admirai, comme ledit seigneur voulut entretenir Sa Majesté d'aucunes affaires concernant le fait de la religion, il luy dit : « Mon pere, je vous prie de me donner quatre « ou cinq jours seulement pour m'ebattre; cela fait, « je vous promets, foy de roy, que je vous rendrai con-oc tent, vous et tous ceux de votre religion. » Le conten­tement qu'il leur donna fut que le dimanche suivant il les fit tous massacrer.
Ge jour de mercredy, le capitaine Blosset, bourgui­gnon et huguenot assés remarqué par le siege de Vezelay,
(•) Teligny.* Charles, seigneur de Teligny. U avoit épousé Louise de Coliguy, Aile de -Graini.
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